mercredi 27 juin 2018

Une journée au Mexique: le mur de Tijuana


Comme prévu, West vient me chercher avec son minibus à 7h30 devant l'hostel. Il est Colombien, et a monté avec sa femme une petite agence, spécialisée dans les excursions courtes au Mexique.
Nous allons récupérer une famille de Portland avec 3 enfants, et un autre groupe de 3 personnes venues de Floride.


West est vraiment sympa, il a beaucoup bourlingué un peu partout, et également en vélo. Au cours de la journée, nous discutons beaucoup, il connaît bien Cuba et on restera (peut-être) en contact pour des tuyaux qu'il pourrait me donner pour un prochain voyage.

La frontière n'est pas loin (20 kms), et nous débarquons tous à l'immigration pour faire établir notre visa spécial d'un jour. Ça va très vite, mais le soir pour le retour, ce sera une toute autre musique.
Nous sommes en Basse Californie (Baja), qui forme une péninsule entourée par le Pacifique et la mer de Cortes.

Une équipe est en train de filmer devant le mur
Nous nous arrêtons d'abord à la ville frontière Tijuana, car il veut nous montrer le fameux mur, qui sert de barrière pour empêcher l'émigration illégale, et que Donald Trump avait promis de prolonger. C’est un assemblage de plaques d'acier d'une hauteur de 3 mètres soudées à des poteaux.  

Ça, c'est pour illustrer qu'a travers ces grilles, les familles ne pouvaient avoir de contact physique qu'avec leur petit doigt (apres il y a eu le 2eme mur, donc plus rien du tout !)
En fait, il y a eu un 1er mur construit en 1994 (l'opération Gatekeeper sous Clinton), puis Bush junior l'a fait doubler d'une seconde ligne, une clôture de 4,5 mètres sur 58 kms, pour permettre aux jeeps de l'armée de faire des rondes entre les deux. Actuellement, sur les 3145 km de frontière, il existe déjà 1050 km cumulés de "barrières" 

 Je viens de lire que depuis l'érection du mur, plus de 10 000 personnes sont mortes en tentant de franchir la frontière. Ça fait assez bizarre de voir ça au bord d'une plage ou des familles viennent se baigner.
Tournage avec un drone

 
West se sent très concerné par la question et nous entraîne au local des Angeles de la Frontera, une assos de bénévoles qui œuvrent pour limiter les drames liés aux passages clandestins.  Au printemps et en été, avec les conditions de températures extrêmes, ils installent des sortes de postes de secours le long de la frontière sur les 10 Etats US limitrophes, organisent des patrouilles pour sauver ceux qui sont perdus dans le désert, disposent des bouteilles d'eau tout le long des routes qu'ils empruntent. En automne et hiver, où il peut faire très froid, ils s'occupent plus particulièrement de la zone des montagnes autour de San Diego, disposent dans des cachettes des vêtements chauds, de la nourriture et de l'eau. West nous raconte comment la traversée peut être extrêmement dangereuse, car ils risquent aussi les enlèvements, attaques des "bandits" ou des cartels de la drogue, vols et viols.

Le dortoir des émigrants au local des Angeles de la Frontera

Dans leur local, les bénévoles hébergent et nourrissent ceux qui attendent le "bon moment" pour passer. West nous encourage à y prendre des photos (je n’ai pas trop osé, il y a une trentaine de lits superposés dans le noir, ça fait assez misérable, et les pauvres gars avaient l'air épuisés) et à échanger avec eux et avec les bénévoles. Mais les migrants ne sont pas que Mexicains : ils viennent du Salvador, Guatemala, Honduras, fuyant la pauvreté et la violence de l'Amérique centrale.  Touchés, nous faisons tous un petit don à l'association. Je n'aurais jamais imaginé que cette "visite" serait inclue dans une excursion, et je pense maintenant que West est vraiment un gars à part, ce n'est pas une posture.

 

1 commentaire:

  1. super d'avoir inclus ce périple terrible dans le tour et merci de nous le faire partager; véritable lèpre ces murs qui tuent (remarque ici la mer, la montagne... il y a des murs de toutes sortes...) mais c'est autre chose que de les voir et de côtoyer cette tragédie.. tu as raison pas une posture!

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